Les banques en Afrique, ces entités financières en perpétuelle concurrence

En cinq ans, il faut convenir du fait qu’un grand changement a été constaté chez les banques en Afrique. Un classement a été établi dernièrement afin de déterminer les meilleurs établissements du continent. Si en 2013-2014 les banques sud-africaines ont tenu une place importante dans ce classement, celles des autres grandes villes comme le Caire, Casablanca et même Dakar continuent leur progression dans le secteur de la finance.

Des banques en ascension, d’autres en déclin

Selon le classement, il apparaît que BMCE Bank, banque marocaine, a gagné trois rangs en deux ans (passant du 14e au 11e rang). Quant à sa filiale, Bank of Africa, avec plusieurs agences dans de nombreux pays d’Afrique, elle n’a gagné qu’une seule place, en passant du 40e au 39e rang. D’autres banques se font également leur place, comme la Banque Atlantique, qui est basée à Abidjan et occupe à présent le 63e rang. Oragroup, un groupe régional ayant son siège à Lomé, a gagné cinq places en allant de la 106ème position à la 101ème position.

Mais ce ne sont encore que des aperçus de quelques banques. Nous pouvons continuer notre tour d’horizon en remarquant une percée des banques égyptiennes. Des bons exemples d’établissements en continuelle expansion sont la National Bank of Egypt et de la Banque Misr, qui ont gagné respectivement la 5e et la 7e position dans toute l’Afrique. Ces établissements ont réussi à augmenter leurs actifs bancaires de 16,1% d’une manière cumulative.

Le bonheur des uns faisant souvent le malheur des heures, il nous faut observer que, si la plupart continuent leur ascension, d’autres ont connu certaines difficultés. Cela concerne notamment un grand nombre de banques francophones, plus particulièrement dans la partie centrale de l’Afrique. On pense notamment au groupe gabonais BDFI Banque qui a chuté à la 56e position en étant, il y a quelques années, à la 47ème place.

En ce qui concerne la Banque algérienne Arab Banking Corporation, il lui a fallu environ 177 millions de dollars pour atteindre la 100e place de ce fameux classement, contre 159 millions de dollars pour la Housing Bank for Trade & Finance, une autre banque algérienne.

La Standard Bank détient toujours la première place, avec un actif total de 14.8 milliards de dollars dans toute l’Afrique. Elle dispose d’une division en Afrique du Sud qui dispose de fonds propres atteignant les 5 milliards de dollars. Il s’agit d’un record parmi les banques d’Afrique.

Des actifs sévèrement en baisse

La principale cause de ces déclins pour la majorité de banques africaines est la baisse sévère des actifs. Pourquoi ? Dans la plupart des pays africains, notamment au Nigéria, le naira, la monnaie de référence et la monnaie nigériane, est en baisse face au dollar.

En 2015, le total des actifs de la majorité des établissements de l’Afrique australe ainsi que face à l’océan Indien est passé de 46,27% à 41,56%. Quant à ceux des banques de l’Afrique du Nord, ils ont grimpé jusqu’à 35,75%, soit une hausse de plus de 4% en un an. Pour l’Afrique de l’Est, la valeur a pu atteindre les 5,17% contre 4,35% en 2014. Les banques d’Afrique centrale ont également connu une baisse de 0.58%, passant de 1,74% à 1,16%.

En somme, le total des actifs des 100 premières banques africaines a chuté de plus de 6.3 milliards de dollars. S’il était à 99.4 milliards de dollars en 2015, il a diminué pour atteindre 93.1 milliards de dollars. En effet, cette forte décroissance est due aux dépréciations dans plusieurs pays africains.

L’arrivée des petites banques privées

Une des causes principales de la baisse des actifs chez les banques africaines est l’ampleur des petites banques privées. C’est bien le cas dans plusieurs pays d’Afrique. Alors que la majorité de la population africaine est toujours active dans le secteur primaire, notamment l’élevage et l’agriculture, plusieurs banques proposant des crédits ont été créées. Dans certains pays, plus de deux, voire même quatre micro-banques proposent des crédits et des prêts avec des facilités de paiement, des frais de dossiers moins chers et surtout un délai de traitement plus court. En Côte d’Ivoire, par exemple, un seuil de 24 petites banques a été atteint, ainsi que 26 au Ghana et 36 en Tanzanie. Au Kenya, il y en a plus d’une quarantaine.

D’ailleurs, la concurrence entre ces établissements devient de plus en plus rude et chacune prétend bien entendu disposer des meilleures offres, susceptibles de répondre au mieux aux besoins des emprunteurs. Ces établissements ont réussi, sans conteste, à adopter des stratégies plus convaincantes, à savoir faire un démarchage direct auprès des particuliers et des sociétés de crédit-bail.

Il faut également noter que ces établissements bancaires ont pris une grande place grâce à plusieurs avantages dont ils disposent. L’un des principaux intérêts, c’est que le prêteur n’est pas obligé d’ouvrir un compte à vue et soumis à des frais bancaires divers.

Quoi qu’il en soit, en dépit de cette croissance des petits établissements bancaires, les principales banques africaines doivent renforcer leur implantation dans plusieurs pays et établissent de nouvelles stratégies pour dénicher de nouveaux alliés et étendre ainsi leurs réseaux dans toute l’Afrique, tout en gardant un certain contrôle. Outre ces banques africaines, anglophones et francophones, les acteurs bancaires du Moyen-Orient et de l’Asie tentent également de s’implanter en Afrique, avec des challenges fort attrayants, même s’ils ne semblent pas s’adapter facilement aux économies africaines.

De son côté, la Société Générale essaie à tout prix de défendre ses positions. Depuis des années, elle a réussi à conserver une belle position sur ce continent. Elle a même ouvert plus de 70 agences dans toute l’Afrique depuis 2014. C’est ainsi qu’elle a créé le « mobile-banking » permettant à sa clientèle d’accéder et de gérer facilement des comptes via un téléphone ou un ordinateur. Mais désormais, le « mobile-banking » semble être une méthode adoptée par bien d’autres établissements bancaires. En conclusion, la concurrence continue d’être de plus en plus rigoureuse. Les particuliers et les sociétés de crédits-bails s’attendent à des offres et des services toujours plus alléchants. Et dans un secteur où n’importe quel géant de la finance peut s’implanter, adopter de nouvelles stratégies régulièrement, et faire ainsi preuve de dynamisme, semble être le meilleur moyen pour augmenter ses actifs.